Photographie de l'écrivain polonais Henryk Sienkiewicz (réfugié à Vevey à la fin de sa vie)
Photographie de l'écrivain polonais Henryk Sienkiewicz (réfugié à Vevey à la fin de sa vie)
Photographie de l'écrivain polonais Henryk Sienkiewicz (réfugié à Vevey à la fin de sa vie)
N° d'inventaire:
AMI-SIENKIEWICZ-HENRYK
Type:
reproduction (tirage photo)
Auteur:
droits réservés
Source:
coll. Musée Paderewski, Morges

Prix Nobel de littérature en 1905, auteur de Quo vadis?, Henryk Sienkiewicz (1846-1916) termine ses jours en exil à Vevey. Le retour solennel de sa dépouille en Pologne fin octobre 1924 est l'occasion d'une grande cérémonie, officielle mais aussi populaire. Paderewski y prononce un discours mémorable sur le parvis du Musée Jenisch.

À l'image de celle de Paderewski, la mémoire d'Henryk Sienkiewicz est indéfectiblement liée à la ville de Vevey, qui a été le port ultime de sa vie trépidante. Des plaques honorent son souvenir devant l'entrée du Musée Jenisch (autrefois bibliothèque où il a passé l'essentiel de ses dernières journées, plongé dans d'inlassables recherches historiques), sur un mur du Grand hôtel du Lac (dont les appartements 41, 42 et 43 – aujourd'hui disparus – ont été sa dernière demeure avec son épouse en 1916), ainsi que dans l'église Notre-Dame, où son corps embaumé a reposé… huit années, depuis son décès le 15 novembre 1916 jusqu'au à sa translation en Pologne fin octobre 1924, dans un wagon plombé des chemins de fer autrichiens. Ce retour solennel sur la terre de ses ancêtres est l'occasion d'une grande cérémonie officielle à Vevey, en présence de nombreux représentants étrangers. Dans son allocution, le conseiller fédéral Giuseppe Motta rend un vibrant hommage au disparu: «Ce sera sa gloire d'avoir été successivement celui qui réveille et celui qui maintient l'âme polonaise.» Mais c'est surtout le discours de son ami Paderewski, prononcé au milieu d'une foule compacte et émue sur le parvis du Musée Jenisch, qui marque les esprits. Un discours qui revêt une puissance symbolique d'autant plus forte que Paderewski a, le 5 juillet 1992, rejoint son ami Sienkiewicz dans la crypte de la cathédrale Saint-Jean de Varsovie. Publié en 1925 à Lausanne, en voici quelques lignes.

«D'aucuns, hélas, moururent chez vous. […] Tel Henryk Sienkiewicz, évocateur sublime de la nation invincible, qui dans la sainteté de l'Eglise de Vevey dormit huit longues années et à qui, au moment où la Pologne réclame son retour, la Suisse fait les adieux dignes du plus cher de ses fils. […] L'ouragan qui s'était déchaîné sur notre vieux continent, cet ouragan effroyable qui devait finalement aboutir à l'écroulement des empires et des trônes, avait gravement ébranlé sa santé. Cédant aux instances de sa famille et de ses amis, il vint au bord de ce lac enchanteur dans l'espoir de restaurer ses forces chancelantes. Pourtant les événements qui avaient arrêté sa plume ne réussirent pas à le réduire à l'inactivité. L'admirable ardeur de son cœur compatissant, l'indomptable énergie de son esprit toujours créateur le poussèrent bientôt à se consacrer à l'œuvre si conforme à l'esprit national suisse – à porter secours aux malheureux. […] Nous croyons pouvoir parler au nom de tous nos compatriotes en vous assurant que les Polonais n'oublieront jamais ce que vous avez fait pour leur cher disparu. Ils n'oublieront pas non plus que, de toutes les villes du monde, Vevey fut la première qui, encore avant la guerre, eut le courage de faire hisser sur l'un de ses édifices publics le drapeau national de la Pologne.