Programme du concert donné le 7 mars 1940 à la Maison du Peuple à Lausanne, sous le patronage du «Président I. J. Paderewski» en faveur de «Pro Polonia», par l'ensemble vocal a cappella «Motet et Madrigal» (dirigé par Henryk Opienski)
Programme du concert donné le 7 mars 1940 à la Maison du Peuple à Lausanne, sous le patronage du «Président I. J. Paderewski» en faveur de «Pro Polonia», par l'ensemble vocal a cappella «Motet et Madrigal» (dirigé par Henryk Opienski)
Programme du concert donné le 7 mars 1940 à la Maison du Peuple à Lausanne, sous le patronage du «Président I. J. Paderewski» en faveur de «Pro Polonia», par l'ensemble vocal a cappella «Motet et Madrigal» (dirigé par Henryk Opienski)
N° d'inventaire:
CH-1940-03-07
Type:
original
Date:
7 mars 1940
Source:
coll. Musée Paderewski, Morges

Programme du concert donné le 7 mars 1940 à la Maison du Peuple à Lausanne, sous le patronage du «Président I. J. Paderewski» en faveur de «Pro Polonia», par l'ensemble vocal a cappella «Motet et Madrigal» (dirigé par Henryk Opienski), le ténor Zbyslaw Wozniak et les pianistes Alexandre Sienkiewicz et Edouard Moser

Au cœur de ce concert 100% polonais, outre des pages pour piano (dont un Nocturne et la Cracovienne fantastique op. 14 n° 6 de Paderewski par Alexandre Sienkiewicz) et des chansons et airs d'opéras (parmi lesquels le récitatif et chant d'amour de Manru de Paderewski par Zbyslaw Wozniak et Edouard Moser): des pages anciennes pour chœur a cappella interprétées par l'ensemble «Motet et Madrigal» sous la direction de son fondateur Henryk Opienski (dont on entend également résonner le Thème varié pour piano op. 11, ainsi que le Prélude n° 5 et la Chanson de mai).

Exilé polonais, Henryk Opienski (1870-1942) partage avec Paderewski son attachement pour Morges et sa région – qui le lui rendra bien puisqu'une rue porte aujourd'hui son nom à l'instar du pianiste. Il s'y établit une première fois durant la Première Guerre mondiale, puis définitivement en 1926 au moment de son mariage avec la cantatrice Lydia Barblan, sa seconde épouse, après avoir dirigé pendant six ans le nouveau Conservatoire de Poznan. Natif de Cracovie, il a étudié à travers toute l'Europe: le violon à Prague avec Ferdinand Lachner puis à Paris avec Ladislas Gorski, la composition avec Vincent d'Indy à la Schola Cantorum de Paris, la direction avec Arthur Nikisch à Leipzig… Considéré comme l'un des meilleurs spécialistes de son temps de la musique de Chopin (dont il éditera une partie de la correspondance), il se distingue notamment en remettant au goût du jour les polyphonies françaises et italiennes des 15e et 16e siècles, qu'il donne en concert dans toute l'Europe à la tête de l'ensemble «Motet et Madrigal» qu'il a fondé à Lausanne en 1917. Très proche de Paderewski, il est l'un des premiers à s'intéresser à sa «légende» et signe en 1928 aux Editions Spes à Lausanne une biographie qui fait toujours figure de référence.

Si le premier concert de «Motet et Madrigal» a lieu le 29 janvier 1917 en l'église Saint-François de Lausanne, l'idée d'Henryk Opienski de rassembler douze chanteurs de haut niveau pour aborder un répertoire ancien encore très rare à l'époque (et sans doute découvert par lui durant ses années d'études à la Schola Cantorum de Paris auprès de Vincent d'Indy et Auguste Sérieyx), remonte à 1916 et à la Fête des Musiciens Suisses à Fribourg. Malgré la situation internationale, l'ensemble parvient à prendre son envol et à se faire connaître au-delà des frontières romandes. Il résistera au départ d'Henryk Opienski pour Poznan en 1920, appelé à diriger le nouveau Conservatoire national de musique, et travaillera par sessions jusqu'à son retour définitif à Morges en 1926, avec à la clé plusieurs tournées à l'Est. Suivra l'âge d'or de «Motet et Madrigal», avec plus de 200 concerts à travers toute l'Europe. Le 9 janvier 1921, Paderewski écrit de Riond-Bosson à son «cher Opienski»: «C'est une grande chose que ce petit chœur de douze voix. Plus on l'entend, plus on l'apprécie pour sa perfection technique, pour la pureté de son style, pour ce bel et noble enthousiasme qu'il met à interpréter les maîtres anciens et modernes. Je n'oublierai pas de sitôt la douce émotion qu'il m'a fait ressentir en chantant les œuvres de nos vieux maîtres polonais.»