Lettre adressée par Annette Essipoff-Leszetycka à Paderewski, sans lieu ni date
Lettre adressée par Annette Essipoff-Leszetycka à Paderewski, sans lieu ni date
Lettre adressée par Annette Essipoff-Leszetycka à Paderewski, sans lieu ni date
Lettre adressée par Annette Essipoff-Leszetycka à Paderewski, sans lieu ni date
Lettre adressée par Annette Essipoff-Leszetycka à Paderewski, sans lieu ni date
N° d'inventaire:
ESSIPOFF-1
Type:
original
Source:
coll. Musée Paderewski, Morges

«Il m'est impossible d'exprimer en paroles tout ce qui se passe en moi; aussi n'en ai-je pas la force. Je me sens faible, souffrante, et en plus envahie d'une tristesse profonde, désespérée à l'idée de ne pas te revoir durant tout un long mois, toi que j'adore, que j'aime de toutes les forces de mon âme. Tu n'as pas l'idée comme je t'aime, comme je te suis reconnaissante pour le bonheur que tu me donnes en répondant à mon amour, et comme je suis fière et heureuse de t'aimer. Mon adoré, que puis-je te serrer maintenant dans mes bras et t'embrasser sans fin!

»Pense à moi pendant mon absence et écris-moi souvent, n'est-ce pas? Chaque mot tracé par ta main serait une si grande joie pour moi. Je t'écrirai pendant la traversée. J'ai pris du bouquet que tu m'avais donné, deux touffes de violettes qui me serviront de talisman.

»Mes pensées et mon cœur sont auprès de toi, mon cher aimé.

»Toute à toi, Assia.»

*****

Annette Essipoff-Leszetycka (1851-1914) est la deuxième épouse du professeur Leszetycki. Pianiste remarquable, elle mène une carrière florissante dont elle partage avec Paderewski les inestimables apprentissages. Oui, il y a de la passion entre les lignes de ses lettres, mais il y a d'abord l'envie de le voir briller et réussir. Dans ces années décisives (1886-1889) où le musicien hésite encore sur la voie à suivre, elle joue en coulisses un rôle aussi décisif que son mari, à la manière d'un imprésario; elle est celle qui réveille orgueil et énergie, et l'aide à vaincre une mélancolie maladive héritée d'une jeunesse en noir et blanc. Elle est sa «cosaque bien-aimée» qui, le 20 janvier 1889, crée à Vienne son Concerto pour piano… et le révèle définitivement à lui-même.