Lettre (avec enveloppe) adressée par Charles-Marie Widor, sous en-tête de l'Académie des beaux-arts [à Paris], à Paderewski, à Morges, le 14 mai 1929
Lettre (avec enveloppe) adressée par Charles-Marie Widor, sous en-tête de l'Académie des beaux-arts [à Paris], à Paderewski, à Morges, le 14 mai 1929
Lettre (avec enveloppe) adressée par Charles-Marie Widor, sous en-tête de l'Académie des beaux-arts [à Paris], à Paderewski, à Morges, le 14 mai 1929
Lettre (avec enveloppe) adressée par Charles-Marie Widor, sous en-tête de l'Académie des beaux-arts [à Paris], à Paderewski, à Morges, le 14 mai 1929
Lettre (avec enveloppe) adressée par Charles-Marie Widor, sous en-tête de l'Académie des beaux-arts [à Paris], à Paderewski, à Morges, le 14 mai 1929
Lettre (avec enveloppe) adressée par Charles-Marie Widor, sous en-tête de l'Académie des beaux-arts [à Paris], à Paderewski, à Morges, le 14 mai 1929
Lettre (avec enveloppe) adressée par Charles-Marie Widor, sous en-tête de l'Académie des beaux-arts [à Paris], à Paderewski, à Morges, le 14 mai 1929
Lettre (avec enveloppe) adressée par Charles-Marie Widor, sous en-tête de l'Académie des beaux-arts [à Paris], à Paderewski, à Morges, le 14 mai 1929
Lettre (avec enveloppe) adressée par Charles-Marie Widor, sous en-tête de l'Académie des beaux-arts [à Paris], à Paderewski, à Morges, le 14 mai 1929
N° d'inventaire:
WIDOR-BEAUX-ARTS-1929-05-14
Type:
original
Date:
14 mai 1929
Source:
coll. Musée Paderewski, Morges

Organiste et compositeur français, Charles-Marie Widor (1844-1937) tient l'orgue Cavaillé-Coll de Saint-Sulpice à Paris durant 64 ans – jusqu'à l'âge de 90 ans! – tout en menant une intense carrière de concertiste. Professeur d'orgue et de composition au Conservatoire, il compte parmi ses élèves de futurs grands noms de la musique tels que Louis Vierne, Albert Schweitzer, Marcel Dupré (qui lui succédera à Saint-Sulpice), Arthur Honegger, Edgar Varèse ou Darius Milhaud. Elu membre de l' Académie des beaux-arts en 1910, il en devient le secrétaire perpétuel le 18 juillet 1914. Siégeant à l'Institut de France depuis 1795, l'Académie est l'héritière des Académies royales créées par Louis XIV au 17e siècle et supprimées à la Révolution. Elle se compose aujourd'hui de huit sections (auxquelles viennent s'ajouter les associés étrangers), dont la cinquième est dévolue à la composition musicale. À l'époque de cette lettre, y siègent les compositeurs suivants: Gabriel Pierné (Fauteuil I depuis 1924), André Messager ou Alfred Bachelet (Fauteuil II depuis 1926, respectivement 1929), Henri Rabaud (qui a remplacé Widor au Fauteuil III en 1918), Alfred Bruneau (Fauteuil IV depuis 1925), Georges Hüe (Fauteuil V depuis 1922) et Gustave Charpentier (Fauteuil VI depuis 1912). Elevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur, Paderewski est aussi membre associé étranger de l'Académie des beaux-arts depuis 1926 (au Fauteuil VII – occupé depuis 2011 par le Suisse Léonard Gianadda).

«Cher et illustre ami! Combien touché de votre télégramme! C'est une dette de profonde reconnaissance que la France acquitte envers vous en vous conférant la plus haute dignité [grand-croix] de la Légion d'honneur. Nous (c'est-à-dire tous les artistes français) le désirions depuis longtemps, et l'attendions, le demandant aux pouvoirs publics. Vos concerts au profit des œuvres du Maréchal [Foch] nous ont donné l'occasion favorable.

»Huit jours avant la mort du Maréchal [survenue le 20 mars 1929], ne croyant pas à si prompte catastrophe, je demandais au général Weygand s'il était possible d'avoir la signature de l'illustre malade au bas de ma requête ‹académique›. Deux heures plus tard, Weygand me téléphonait que la Maréchale attendait mon papier… et le lendemain je le recevais, portant d'une main ferme cette apostille: ‹Approuvé de tout cœur, Foch›.

»Inutile de vous dire notre impatience depuis lors… Enfin samedi dernier, 11 mai, déjeunant à l'Elysée (déjeuner offert au Légat pontifical) et y trouvant les ministres, je me plains à [Aristide] Briand de son retard et Briand riposte ainsi: ‹Vous trouverez en rentrant chez vous la lettre annonçant la nomination de mon grand ami Paderewski, et en sortant d'ici je vous charge de le lui télégraphier›.

»Je vous donne ce détail pour vous témoigner de l'empressement et de la joie de tous en la circonstance. Weygand et la pauvre Maréchale se sont montrés une fois de plus les êtres admirables de cœur que vous connaissez. Puisque vous voulez bien me demander ‹qui remercier›, c'est tout d'abord le Général et la pauvre veuve, puis Briand et le président Doumergue très sympathique – musical.

»Quand vous aurez un samedi de libre à Paris (à 3 h. 1/2), l'Académie serait très fière de recevoir son éminent associé et de le faire asseoir dans le fauteuil de Cherubini, Méhul, Grétry, Rossini, Meyerbeer, Gounod, Saint-Saëns, Massenet… C'est sur le grand papier de l'Académie orné de la Minerve que les archives conservent notre requête signée Foch.

»À vous! Widor»