Lettre adressée par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, [à Aix-les-Bains via Paris], le 1er septembre [1900]
Lettre adressée par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, [à Aix-les-Bains via Paris], le 1er septembre [1900]
Lettre adressée par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, [à Aix-les-Bains via Paris], le 1er septembre [1900]
Lettre adressée par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, [à Aix-les-Bains via Paris], le 1er septembre [1900]
Lettre adressée par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, [à Aix-les-Bains via Paris], le 1er septembre [1900]
Lettre adressée par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, [à Aix-les-Bains via Paris], le 1er septembre [1900]
Lettre adressée par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, [à Aix-les-Bains via Paris], le 1er septembre [1900]
Lettre adressée par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, [à Aix-les-Bains via Paris], le 1er septembre [1900]
Lettre adressée par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, [à Aix-les-Bains via Paris], le 1er septembre [1900]
Lettre adressée par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, [à Aix-les-Bains via Paris], le 1er septembre [1900]
Lettre adressée par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, [à Aix-les-Bains via Paris], le 1er septembre [1900]
Lettre adressée par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, [à Aix-les-Bains via Paris], le 1er septembre [1900]
Lettre adressée par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, [à Aix-les-Bains via Paris], le 1er septembre [1900]
N° d'inventaire:
BRANCOVAN-1900-09-01
Type:
original
Date:
1er septembre 1900
Source:
coll. Musée Paderewski, Morges

L'année (1900) est déduite 1) du jour indiqué en en-tête (samedi 1er septembre) (qui ne laisse, au vu des points 2 et 3, que deux possibilités: 1894 et 1900), 2) de la mention de son fils Alfred (qui décédera en 1901) et 3) de celle de l'opéra (Manru) qu'il semble en passe de terminer; Paderewski a certes reçu le livret d'Alfred Nossig fin 1893 et rapidement esquissé les deux premiers actes (à Bon-Port puis à Riond-Bosson, où il ne réside qu'à partir de 1897), mais le gros de la composition n'a débuté qu'en 1897, à la suite de la «commande» passée par Ernst von Schurch, directeur de l'Opéra Royal de Cologne, où l'œuvre sera créée le 29 mai 1901.

Au vu des «quatre heures» de distance avec Aix-les-Bains et de l'évocation de la nature, la lettre doit avoir sans doute été écrite depuis la villa «Bassaraba» à Amphion (où Paderewski a souvent été convié par la princesse).

«Ce samedi, 1er septembre [1900]. J'espère, chéri, que tu ne m'en voudras pas trop de venir importuner ton silence par ces quelques lignes dont tu connaîtras peut-être encore un peu l'écriture.

»J'avoue que quelques doutes me hantent à ce sujet; mais je me hasarde quand même, tant il m'est doux de venir causer quelques instants avec toi.

»Si j'ai respecté si longtemps ton mutisme, la cause en est ce même mutisme prolongé, illimité, acharné dont j'ai forcément conclu que, ne m'ayant pas fait connaître ton adresse, tu voulais qu'on ne vint pas le troubler.

»Tu m'avais pourtant bien promis de le faire par dépêches voire même par lettres. Hélas! je n'ai rien vu venir et c'est pourquoi j'ai dû t'envoyer à Paris les vœux ardents qui se sont échappés de mon cœur vers toi, à l'occasion de ta fête. J'espère qu'ils te sont parvenus sains et saufs, ou plutôt, chéri, que tu leur as fait bon accueil. Je viens solliciter cette même faveur pour cette petite missive à laquelle je ferai entreprendre aussi le voyage de Paris, afin que plus heureuse que moi, elle vienne te trouver à Aix[-les-Bains]. J'aime à espérer, chéri, que les délices de cette station balnéaire, privilégiée entre toutes, cette année ne te charmeront pas au point de te faire oublier ta si bonne promesse de venir charmer celle-ci par ta chère présence. Dire que quatre heures seulement me séparent de toi et que tu m'[?] plus éloignée de toi que lorsque de vastes océans nous séparaient!

»Tu me laisses sans nouvelle aucune de ta chère santé, de tout ce qui a rapport à toi, et, pourtant, tu es satisfait de la santé de ton cher fils [Alfred]. Quant à ton opéra [Manru], ce qui restait à faire ne peut qu'être à la hauteur de tout ce que tu nous as fait entendre.

»Aussi, que de bonheur en réserve, en songeant au bonheur passé!

»Septembre est enfin éclos; et, avec lui, la joie me renaît au cœur, et, par elle, la nature tout entière se pare, à mes yeux, de ses plus beaux atours. N'est-ce pas te rappeler chéri, avec la si affectueuse promesse de venir, que l'époque fixée par toi approche et que j'en attends l'heureuse nouvelle avec une impatience indicible?

»À bientôt donc, je l'espère, ce bonheur si longuement caressé.

»Je t'en remercie à l'avance, chéri, en t'envoyant les élans les plus tendres de mon cœur!

»Je t'aime et je pense toujours à toi!

»D. est ici. Il t'envoie, ainsi que mes enfants, mille affectueux souvenirs.»

Suite à ses débuts le 3 mars 1888 salle Erard, Paris s'arrache Paderewski comme Chopin un demi-siècle plus tôt. Chez Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan (1847-1923), dont les racines serpentent jusqu'aux portes de l'Orient, son entrée en scène fait sensation. «Perruqué de lumière, les yeux accordés avec les étoiles, un mage nous était présenté et nous l'aimâmes», écrit sa fille Anna de Noailles, alors âgée de douze ans. Née à Constantinople sous le nom de Raluca Moussouros (ou Rachel Musurus), cette grande aristocrate d'origine crétoise, fille de l'ambassadeur de la Sublime Porte à Londres Musurus Pacha (dont l'ancêtre humaniste Marc Musurus a été l'ami d'Erasme), a épousé le prince Grégoire Bibesco Bassaraba de Brancovan, lui-même fils du prince valaque Georges Bibesco et de la princesse Zoé Bassaraba de Brancovan. Exilée à Paris (en raison de l'accession au pouvoir en Roumanie d'un parti opposé à la famille Bibesco), cette passionnée de musique étudie le piano auprès de Camille Dubois, la dernière élève de Chopin, avec manifestement beaucoup de talent. Généreuse et raffinée, elle sera des muses de Paderewski peut-être la plus fidèle, et celui-ci le lui rendra bien en lui dédiant plusieurs de ses compositions (dont le fameux Nocturne op. 16 n° 4 et la Fantaisie polonaise op. 19). Elle l'invite régulièrement à Amphion, près d'Evian, où elle possède une somptueuse propriété (la villa «Bassaraba»). Elle le mettra plus tard sur la piste de Riond-Bosson, à quelques encablures de là…