Billet adressé (par télégramme) par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, 94 av. Victor-Hugo à Paris, de Paris (timbre de l'av. de Friedland) le 1er juillet 1892
Billet adressé (par télégramme) par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, 94 av. Victor-Hugo à Paris, de Paris (timbre de l'av. de Friedland) le 1er juillet 1892
Billet adressé (par télégramme) par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, 94 av. Victor-Hugo à Paris, de Paris (timbre de l'av. de Friedland) le 1er juillet 1892
Billet adressé (par télégramme) par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, 94 av. Victor-Hugo à Paris, de Paris (timbre de l'av. de Friedland) le 1er juillet 1892
Billet adressé (par télégramme) par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, 94 av. Victor-Hugo à Paris, de Paris (timbre de l'av. de Friedland) le 1er juillet 1892
N° d'inventaire:
BRANCOVAN-1892-07-01
Type:
original
Date:
1er juillet 1892
Source:
coll. Musée Paderewski, Morges

«Je viens te rappeler chéri, que nos derniers moments heureux sont comptés, que l'heure de la séparation si douloureuse pour moi va bientôt sonner et que tu m'as promis de venir aujourd'hui. Je viens donc te prier, chéri, de venir le plus de bonne heure que tu le pourras, avant le dîner, afin que je puisse causer un peu avec toi, sans le tiers et le quart, avant l'arrivée de D. et des cousins. Je t'en serais bien reconnaissante, et je t'en remercie à l'avance de tout mon cœur. Accorde-moi ces quelques instants de bonheur, en songeant que pour moi les heures de monotonie et de tristesse seront longues, si longues… je n'ose y penser.

»Je t'aime et je t'embrasse avec toute l'affection de mon âme!»

Suite à ses débuts le 3 mars 1888 salle Erard, Paris s'arrache Paderewski comme Chopin un demi-siècle plus tôt. Chez Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan (1847-1923), dont les racines serpentent jusqu'aux portes de l'Orient, son entrée en scène fait sensation. «Perruqué de lumière, les yeux accordés avec les étoiles, un mage nous était présenté et nous l'aimâmes», écrit sa fille Anna de Noailles, alors âgée de douze ans. Née à Constantinople sous le nom de Raluca Moussouros (ou Rachel Musurus), cette grande aristocrate d'origine crétoise, fille de l'ambassadeur de la Sublime Porte à Londres Musurus Pacha (dont l'ancêtre humaniste Marc Musurus a été l'ami d'Erasme), a épousé le prince Grégoire Bibesco Bassaraba de Brancovan, lui-même fils du prince valaque Georges Bibesco et de la princesse Zoé Bassaraba de Brancovan. Exilée à Paris (en raison de l'accession au pouvoir en Roumanie d'un parti opposé à la famille Bibesco), cette passionnée de musique étudie le piano auprès de Camille Dubois, la dernière élève de Chopin, avec manifestement beaucoup de talent. Généreuse et raffinée, elle sera des muses de Paderewski peut-être la plus fidèle, et celui-ci le lui rendra bien en lui dédiant plusieurs de ses compositions (dont le fameux Nocturne op. 16 n° 4 et la Fantaisie polonaise op. 19). Elle l'invite régulièrement à Amphion, près d'Evian, où elle possède une somptueuse propriété (la villa «Bassaraba»). Elle le mettra plus tard sur la piste de Riond-Bosson, à quelques encablures de là…