Lettre adressée par Paderewski à Henryk Opienski, de Riond-Bosson le 29 juin 1913
Lettre adressée par Paderewski à Henryk Opienski, de Riond-Bosson le 29 juin 1913
Lettre adressée par Paderewski à Henryk Opienski, de Riond-Bosson le 29 juin 1913
Lettre adressée par Paderewski à Henryk Opienski, de Riond-Bosson le 29 juin 1913
Lettre adressée par Paderewski à Henryk Opienski, de Riond-Bosson le 29 juin 1913
N° d'inventaire:
OPIENSKI-1908-06-08
Type:
original
Date:
8 juin 1908
Source:
coll. Musée Paderewski, Morges

Traduction française: «Cher Monsieur Henryk (à la Janitowski), hier est venu chez nous, avec [Alexandre] Birnbaum, Monsieur [Anton] Suter[-Ruffy], président des Concerts lausannois [fondateur en 1903 de l'Orchestre symphonique lausannois – lire à ce sujet le troisième volume de La musique dans le Canton de Vaud (1904-1939) de Jacques Burdet, publié en 1983 aux Editions Payot à Lausanne]. Nous avons parlé de vous. Ensuite B. Depuis longtemps un Hollandais a été prévu, dont je n'arrive pas à me souvenir le nom. Il doit diriger un concert d'essai dans quelques jours. L'affaire ne se présente donc pas en rose. Toutefois, sur notre demande, la mienne et celle de M. Birnbaum, M. Suter – soit dit en passant un homme perdu – vous offre la possibilité de vous présenter au Comité et en public et pose la question suivante: voulez-vous venir diriger un concert d'essai entre le 25 juin et le 6 juillet? Peut-être le candidat prévu se transformera-t-il en ‹Hollandais volant›!

»Si, cher Monsieur, vous êtes d'accord avec cette proposition d'essai – qui de toute manière ne peut pas vous faire de mal –, je vous prie de me répondre par télégramme et moi, je m'arrangerai avec M. Suter.

»Personnellement, je préférerais que le concert ait lieu le 5 ou le 6 juillet, parce que dans ce cas, après mon retour de Londres, je pourrai y assister. L'orchestre est composé momentanément de seulement 35 membres. La rémunération est d'environ Fr. 5000.-, le concert sera bénéficiaire.

»Le secours, sous forme d'un mandat postal de 500 [roubles?], je vous l'envoie en même temps.

»Cordiales salutations de nous deux.»

Exilé polonais, Henryk Opienski (1870-1942) partage avec Paderewski son attachement pour Morges et sa région – qui le lui rendra bien puisqu'une rue porte aujourd'hui son nom à l'instar du pianiste. Il s'y établit une première fois durant la Première Guerre mondiale, puis définitivement en 1926 au moment de son mariage avec la cantatrice Lydia Barblan, sa seconde épouse, après avoir dirigé pendant six ans le nouveau Conservatoire de Poznan. Natif de Cracovie, il a étudié à travers toute l'Europe: le violon à Prague avec Ferdinand Lachner puis à Paris avec Ladislas Gorski, la composition avec Vincent d'Indy à la Schola Cantorum de Paris, la direction avec Arthur Nikisch à Leipzig… Considéré comme l'un des meilleurs spécialistes de son temps de la musique de Chopin (dont il éditera une partie de la correspondance), il se distingue notamment en remettant au goût du jour les polyphonies françaises et italiennes des 15e et 16e siècles, qu'il donne en concert dans toute l'Europe à la tête de l'ensemble «Motet et Madrigal» qu'il a fondé à Lausanne en 1917. Très proche de Paderewski, il est l'un des premiers à s'intéresser à sa «légende» et signe en 1928 aux Editions Spes à Lausanne une biographie qui fait toujours figure de référence.