Lettre adressée par Paderewski à Henryk Opienski, du Riond-Bosson le 29 juin 1913
Lettre adressée par Paderewski à Henryk Opienski, du Riond-Bosson le 29 juin 1913
Lettre adressée par Paderewski à Henryk Opienski, du Riond-Bosson le 29 juin 1913
N° d'inventaire:
OPIENSKI-1913-06-29
Type:
original
Date:
13 juin 1913
Source:
coll. Musée Paderewski, Morges

Traduction française (libre): «Cher Monsieur Henryk, c'est à mon retour de Londres que j'ai trouvé votre lettre et c'est donc seulement maintenant que je peux vous répondre par ces quelques mots.

»Nous étions au sanatorium car l'état de santé de mon épouse s'est détérioré. Il est possible que nous retournions demain dans un meilleur établissement, et si tout va bien la question devrait être réglée à la fin de juillet. Nous pensons être de retour le 30 et, comme toujours, nous serons heureux de saluer notre cher monsieur et de nous entretenir de divers sujets avec lui. Pour vous donner un bon conseil: que le cher monsieur cesse de réclamer avec autant de ténacité l'héritage d'un ‹ancien Polonais›; bien qu'en réalité ce soit une haridelle [mauvais cheval] juive, il s'agit en tout cas d'un grand ‹cheval› et la chute du cardier pourrait rendre ce dernier infirme.

»Le reste, je vous le dirai personnellement. Salutations cordiales de nous deux de tout cœur et en amitié.»

Exilé polonais, Henryk Opienski (1870-1942) partage avec Paderewski son attachement pour Morges et sa région – qui le lui rendra bien puisqu'une rue porte aujourd'hui son nom à l'instar du pianiste. Il s'y établit une première fois durant la Première Guerre mondiale, puis définitivement en 1926 au moment de son mariage avec la cantatrice Lydia Barblan, sa seconde épouse, après avoir dirigé pendant six ans le nouveau Conservatoire de Poznan. Natif de Cracovie, il a étudié à travers toute l'Europe: le violon à Prague avec Ferdinand Lachner puis à Paris avec Ladislas Gorski, la composition avec Vincent d'Indy à la Schola Cantorum de Paris, la direction avec Arthur Nikisch à Leipzig… Considéré comme l'un des meilleurs spécialistes de son temps de la musique de Chopin (dont il éditera une partie de la correspondance), il se distingue notamment en remettant au goût du jour les polyphonies françaises et italiennes des 15e et 16e siècles, qu'il donne en concert dans toute l'Europe à la tête de l'ensemble «Motet et Madrigal» qu'il a fondé à Lausanne en 1917. Très proche de Paderewski, il est l'un des premiers à s'intéresser à sa «légende» et signe en 1928 aux Editions Spes à Lausanne une biographie qui fait toujours figure de référence.