Lettre adressée par Paderewski à Henryk Opienski, du Grand Hôtel Hof Ragaz le 14 août 1912
Lettre adressée par Paderewski à Henryk Opienski, du Grand Hôtel Hof Ragaz le 14 août 1912
Lettre adressée par Paderewski à Henryk Opienski, du Grand Hôtel Hof Ragaz le 14 août 1912
N° d'inventaire:
OPIENSKI-1912-08-14
Type:
original
Date:
14 août 1912
Source:
coll. Musée Paderewski, Morges

Traduction française: «Cher Monsieur, je vous écris ces quelques mots seulement, comme d'habitude en hâte. Il me faut écrire environ cinquante lettres, je ne peux donc m'amuser à écrire des lettres mesurant des kilomètres.

»Je veux vous remercier très cordialement de votre lettre et de vos vœux. Certes, je préférerais vous voir, cher Monsieur, en ce jour de ‹patriarcat›, à Riond-Bosson, comme jadis – mais il faut se contenter de ce qui est.

»Il m'est agréable de savoir que vous gardez des souvenirs amicaux de moi et il m'est encore plus agréable d'apprendre de bonnes nouvelles sur la santé de Madame Opienska.

»À vous deux mes plus cordiales salutations et je vous embrasse, cher Monsieur, très amicalement.»

Exilé polonais, Henryk Opienski (1870-1942) partage avec Paderewski son attachement pour Morges et sa région – qui le lui rendra bien puisqu'une rue porte aujourd'hui son nom à l'instar du pianiste. Il s'y établit une première fois durant la Première Guerre mondiale, puis définitivement en 1926 au moment de son mariage avec la cantatrice Lydia Barblan, sa seconde épouse, après avoir dirigé pendant six ans le nouveau Conservatoire de Poznan. Natif de Cracovie, il a étudié à travers toute l'Europe: le violon à Prague avec Ferdinand Lachner puis à Paris avec Ladislas Gorski, la composition avec Vincent d'Indy à la Schola Cantorum de Paris, la direction avec Arthur Nikisch à Leipzig… Considéré comme l'un des meilleurs spécialistes de son temps de la musique de Chopin (dont il éditera une partie de la correspondance), il se distingue notamment en remettant au goût du jour les polyphonies françaises et italiennes des 15e et 16e siècles, qu'il donne en concert dans toute l'Europe à la tête de l'ensemble «Motet et Madrigal» qu'il a fondé à Lausanne en 1917. Très proche de Paderewski, il est l'un des premiers à s'intéresser à sa «légende» et signe en 1928 aux Editions Spes à Lausanne une biographie qui fait toujours figure de référence.