Photographie du compositeur polonais Karol Swymanowski en 1935 dans sa villa de Zakopane, dans le Sud de la Pologne (Petite-Pologne)
- N° d'inventaire:
- AMI-SZYMANOWSKI-KAROL-1935-ZAKOPANE-TABLE-PHOTOS
- Type:
- tirage original
- Auteur:
- droits réservés
- Date:
- 1935
- Source:
- coll. Musée Paderewski, Morges
Fils d’un propriétaire terrien cultivé, Karol Szymanowski voit le jour le 6 octobre 1882 à Timoszówka, ville aujourd’hui située en territoire ukrainien. Ses frères et sœurs font tous de la musique, de la peinture ou de la poésie; lui commence l’étude du piano à 7 ans. Il entre au Conservatoire de Varsovie en 1901 et bénéficie de l’enseignement de l’un des plus illustres maîtres de l’époque, Zygmunt Noskowski. Il y rencontre Arthur Rubinstein ainsi que les musiciens qui formeront avec lui le groupe «Jeune Pologne»: Apolinary Szeluto, Grzegorz Fitelberg et Ludomir Rózycki. Protégés par le prince Wladyslaw Lubomirski, Szymanowski et ses partenaires donnent vie à leurs idéaux avant-gardistes dans une Pologne encore très marquée par l’œuvre conservatrice de compositeurs tels que Jósef Elsner, Chopin et Moniuszko. Leur musique se veut en ce sens contemporaine, résolument européenne et occidentale.
Les premiers opus de Szymanowski révèlent une forte influence du romantisme allemand. Sa Symphonie n° 1, notamment, est traversée d’un bout à l’autre par les figures tutélaires de Wagner et de Richard Strauss. Dès 1911, toutefois, avec l’achèvement de sa Symphonie n° 2, on note un glissement vers la Russie, un peu à l’image de l’évolution harmonique de Scriabine. La Symphonie n° 3' voit le jour après un voyage en Afrique du Nord en 1914, qui ébranle profondément le musicien. L’écriture du livret de son opéra Le Roi Roger témoigne avec force de ce «choc» oriental, marqué à la fois par le mysticisme musulman et une réflexion sur la nature de l’amour et de l’érotisme. Cette fascination dans laquelle se mélangent aussi les parfums capiteux de la Méditerranée, se retrouve également dans sa nouvelle Efebos, où sont décrite ses amours masculines. À la même époque, suite aux concerts qu’il donne à Paris – où il rencontre les célébrités musicales du moment (Maurice Ravel, Alfred Cortot…) et assiste à des représentations de Pelléas et Mélisande de Debussy, de L’Oiseau de feu et de Petrouchka de Stravinski – sa musique subit le choc d’une nouvelle révélation qui a pour nom: impressionnisme français.
La Révolution russe de 1917 marque le seuil de la dernière grande période créatrice de Szymanowski: vingt années durant lesquelles il assume différentes charges d’enseignement (il est directeur du Conservatoire de Varsovie de 1927 à 1929 puis recteur de l’Académie de musique de Varsovie de 1930 à 1932), mais opère surtout un retour aux sources de la culture polonaise. Spolié de la majeure partie de ses biens par la lame de fond bolchevique, il redouble d’énergie à l’ouvrage, intégrant dans sa musique – à l’instar d’un Bartók en Roumanie – de forts accents folkloriques. Il touche juste: sa popularité explose et se propage dans toute l’Europe et aux Etats-Unis (où il réalise une grande tournée de concerts en 1920-21 avec Rubinstein et Kochanski). Son Stabat Mater (1925-26) fait grande impression et son ballet-pantomime Harnasie'' (1923-31), d’après la vie et la musique des habitants des montagnes Tatras, révèle sa faculté à traiter des sujets nationaux de manière originale et très efficace. En avril 1936, affaibli par la tuberculose (dont il souffre depuis son plus jeune âge), il a la joie d’assister à la représentation de l’œuvre à l’Opéra de Paris. Il s’éteint l’année suivante à l’âge de 55 ans, à la clinique du Signal à Lausanne, plein de cet «amour fanatique d’une certaine idée de la Pologne» qu’il n’a eu de cesse de promouvoir depuis la Révolution et qui a fait de lui – au-delà des nationalismes qui embrasent une fois de plus l’Europe en cette veille de Seconde guerre mondiale – une figure au rayonnement universel.