Carte postale du pianiste et pédagogue Carl Eschmann-Dumur (1835-1913), dédicacée «à I. J. Paderewski, son sincère admirateur, Carl Eschmann-Dumur, 27 mars 1906»
Carte postale du pianiste et pédagogue Carl Eschmann-Dumur (1835-1913), dédicacée «à I. J. Paderewski, son sincère admirateur, Carl Eschmann-Dumur, 27 mars 1906»
Carte postale du pianiste et pédagogue Carl Eschmann-Dumur (1835-1913), dédicacée «à I. J. Paderewski, son sincère admirateur, Carl Eschmann-Dumur, 27 mars 1906»
Carte postale du pianiste et pédagogue Carl Eschmann-Dumur (1835-1913), dédicacée «à I. J. Paderewski, son sincère admirateur, Carl Eschmann-Dumur, 27 mars 1906»
Carte postale du pianiste et pédagogue Carl Eschmann-Dumur (1835-1913), dédicacée «à I. J. Paderewski, son sincère admirateur, Carl Eschmann-Dumur, 27 mars 1906»
N° d'inventaire:
AMI-ESCHMANN-DUMUR-CARTE-DEDICACE-A-PAD-1906-03-27
Type:
tirage original
Auteur:
droits réservés
Date:
ca. 1906
Source:
coll. Musée Paderewski, Morges

Alémanique comme la plupart de ceux qui font la musique à Lausanne au 19e siècle – il naît à Wädenswil, près de Zurich, en 1835 – Carl Eschmann se lie d'amitié avec le pionnier Gustave-Adolphe Koëlla à la fin des années 1840. Ce dernier l'appelle à ses côtés en 1861 lorsqu'il porte l'Institut de musique (futur Conservatoire de Lausanne) sur les fonts baptismaux. Comme deux frères, ils voueront la plus grande partie de leurs forces à l'institution. Carl Eschmann enseignera le piano dans les classes supérieures pendant quarante-quatre ans, attirant à Lausanne la fine fleur de la relève pianistique: l'Institut lui doit une bonne part de sa réputation. Attaché à sa nouvelle terre d'élection, il décide d'appondre au sien le nom de son épouse, Claire Dumur, une ancienne élève à laquelle il a lié son destin en 1868. Il décède en 1913.

Paru en 1884 chez Ernest Rodolphe Spiess à Lausanne, son Guide du jeune pianiste est un «ouvrage capital» aux yeux du musicographe Jacques Burdet. Au même titre que les Exercices techniques pour piano qui sortiront trois ans plus tard, il témoigne d'un sens aigu de la pédagogie. À l'instar de Gustave-Adolphe Koëlla avec ses Exercices de chant et sa Théorie élémentaire de la musique destinée aux classes de solfège de l'Institut, Carl Eschmann-Dumur fait acte de pionnier en s'efforçant d' organiser – d'unifier, de structurer – l'enseignement musical, à une époque où l'empirisme et l'individualisme sont rois. Cet esprit permettra à l'Institut de musique de Lausanne non seulement d'accroître sa notoriété mais aussi d'asseoir sa position sur la durée.

Dédié «à mes élèves» et «aux jeunes pianistes de tout pays» et salué à sa sortie par Hans von Bülow, ce Guide est le fruit de trente ans de recherches. Il récence non seulement les méthodes de piano et les meilleures études, mais propose surtout – sur plus de deux cents pages – un vase choix de morceaux abondamment commentés, qui offre une panorama très éclairant de la littérature pianistique en 1880. «Un tel livre devrait être entre les mains de tous ceux qui, à l'heure actuelle, se livrent à l'enseignement du piano», estime Jacques Burdet en 1970. L'introduction vaut à elle seule le détour. Notamment le passage dans lequel le professeur ébauche le plan d'un enseignement structuré: «Ce que nous voulons, c'est l'épanouissement harmonieux et progressif des facultés artistiques de l'élève, qu'elles soient spirituelles ou physiques. L' exercice technique développe l'agilité et l'indépendance des doigts, la force des muscles, la dextérité de la main tout entière. Il donne le sentiment du rythme, de la mesure, de l'harmonie, et met tout particulièrement en jeu la volonté. Tout en poursuivant la même œuvre sur une plus grande échelle, l' étude initie aux divers styles et aux genres. Elle s'adresse à l' intelligence; elle forme le jugement et le goût. Le morceau, qui est déjà l'œuvre musicale proprement dite, est l'expression d'une pensée, et plus encore d'un sentiment. Il ne met plus en jeu seulement la volonté et l'intelligence; il s'adresse à ce qu'il y a de plus profond, de plus délicat, dans l'âme, à la sensibilité. En le travaillant, en se l'assimilant, le jeune pianiste arrive à sentir et à rendre, avec toutes leurs nuances, les émotions du plus expressif des arts, de celui qui prête son aile à la parole, déjà si éthérée, au point même où le souffle semble lui manquer, et permet aux aspirations de l'âme de prendre un nouvel élan.»

Source: Antonin Scherrer, Conservatoire de Lausanne 1861-2011, Infolio, 2011