Libretto des Fêtes musicales en l'honneur de Camille Saint-Saëns organisées du 18 au 21 mai 1913 au Casino du Rivage et au Temple Saint-Martin à Vevey avec le concours de Camille Saint-Saëns, Ignace Paderewski et Gustave Doret (g-k)
- N° d'inventaire:
- CH-1913-05-18-2
- Type:
- original
- Date:
- 18-21 mai 1913
- Source:
- coll. Musée Paderewski, Morges
C'est l'un des événements mythiques de l'histoire musicale veveysanne: la rencontre du 18 au 21 mai 1913 au Casino du Rivage d'Ignace Paderewski et Camille Saint-Saëns, au cœur d'un festival de quatre jours suscité par le compositeur Gustave Doret et le syndic mélomane Eugène Couvreu. «Devant le Casino du Rivage, c'était la foule énorme, un incessant défilé d'autos, un afflux ininterrompu d'auditeurs», se souvient Fédia Muller dans la Gazette de Lausanne du 17 avril 1941. «Il n'y avait plus de billets depuis fort longtemps. Même à prix d'or, on ne pouvait entrer dans le sanctuaire. Des dames avaient demandé de pouvoir monter dans les combles, mais il ne fut pas possible d'accéder à leur désir. Tout ce qui avait un nom dans la musique était dans la salle […]. Après le Concerto en la, qui valut à Paderewski d'interminables ovations, ce fut enfin le grand événement, celui pour lequel beaucoup étaient accourus: Saint-Saëns et Paderewski interprétant la Polonaise de Saint-Saëns pour deux pianos. Certes, le moment devait être bien émouvant. Deux pianos à queue étaient adossés sur l'estrade; devant le clavier du piano de gauche prit place, salué par les trompettes de l'orchestre, Paderewski, avec M. Rudolph Ganz, un autre pianiste célèbre, pour tourner les pages. Au clavier de droite s'assit M. Camille Saint-Saëns, salué de même par les fanfares orchestrales, avec un autre pianiste de grande réputation, M. Ernest Schelling, comme cavalier servant. Ce fut du délire. Les hôtes augustes de la galerie, debout, applaudirent dès leur entrée les deux artistes tandis que retentissaient, joyeux, les cuivres de l'orchestre.»
Au programme du 2e concert, le 19 mai 1913 au Casino du Rivage: le poème symphonique Phaëton de Saint-Saëns (dirigé par lui-même), la Symphonie en si mineur op. 24 et le Concerto pour piano en la mineur op. 17 de Paderewski (avec lui-même en soliste). Sur le podium aux côtés des deux grands hommes: l'orchestre du Concert-Verein de Munich dirigé par Gustave Doret. À l'affiche également durant ces Fêtes musicales: la Société chorale et le Chœur de dames de Vevey dirigés par Charles Troyon, et les chanteurs Félia Litvinne (soprano de l'Opéra [de Paris]), C. Croiza (mezzo-soprano du Théâtre royal de la Monnaie de Bruxelles), Maria Philippi (alto), Mario Corpait (ténor de l'Opéra [de Paris]) et L. de la Cruz Frœlich (basse), interprètes d'œuvres de Saint-Saëns (Symphonies n° 2 et n° 3, Concerto pour piano n° 4 avec Paderewski et Polonaise à 2 pianos avec Paderewski et Saint-Saëns en solistes…) et de Doret (légende dramatique Loÿs).