Lettre adressée par Jan Masaryk, ministre de Tchécoslovaquie en Grande-Bretagne, 9 Grosvenor Place à Londres, à Paderewski, le 10 octobre 1928
Lettre adressée par Jan Masaryk, ministre de Tchécoslovaquie en Grande-Bretagne, 9 Grosvenor Place à Londres, à Paderewski, le 10 octobre 1928
Lettre adressée par Jan Masaryk, ministre de Tchécoslovaquie en Grande-Bretagne, 9 Grosvenor Place à Londres, à Paderewski, le 10 octobre 1928
N° d'inventaire:
MASARYK-JAN-1928-10-10
Type:
original
Date:
10 octobre 1928
Source:
coll. Musée Paderewski, Morges

«My dear Mr. Paderewski, my father in law Mr. Charles Crane telegraphed yesterday – having heard that you are in London – asking me to give you and Madame Paderewski his hearty greetings. I received it just before going to Queen's Hall last night. I hear from mutual friends that Madame Paderewska is not quite well. I do not want to intrude personally. I do hope and pray that she will be quite well very soon. These few modest flowers are a fragrant expression of my respectful good wishes to her and you. In deep respect and admiration. Sincerely.»

Traduction française: «Mon cher M. Paderewski, mon beau-père, M. Charles Crane, m'a envoyé un télégramme hier – ayant entendu que vous étiez à Londres – en me demandant de vous transmettre ainsi qu'à Madame Paderewski ses plus chaleureux messages. Juste avant de me rendre au Queen's Hall hier soir, j'ai appris par des amis communs que Madame Paderewska n'était pas bien. Je ne veux pas vous déranger. J'espère et prie pour qu'elle se remette rapidement. Ces quelques modestes fleurs sont l'expression parfumée de mes vœux respectueux pour vous et pour elle. Avec mon plus profond respect et mon admiration. Votre dévoué.»

Fils du premier président de Tchécoslovaquie, Jan Masaryk (1886-1948) est alors ministre en Grande-Bretagne après avoir assuré la direction des affaires étrangères de son tout jeune pays. Sa chancellerie de Grosvenor Square est l'un des lieux de rencontre favoris de la communauté diplomatique internationale. Homme d'esprit, Masaryk est également excellent pianiste à ses heures – cela a même été l'une de ses premières activités lucratives au début du siècle dans les cinémas américains. Démocrate convaincu, il se retrouve en porte-à-faux après la mort de son père en 1937 avec la politique d'apaisement pratiquée par son successeur Edouard Bénès, qui se soldera par l'annexion des Sudètes puis l'abolition pure et simple de l'état-nation indépendant créé par Tomás Masaryk au lendemain de la Grande Guerre. Membre du gouvernement d'union nationale après la Seconde Guerre mondiale, Jan Masaryk est retrouvé mort le 10 mars 1948 à Prague sous les fenêtres du ministère des affaires étrangères. On conclut à un suicide, mais on découvrira plus tard qu'il s'agit en fait d'un assassinat, perpétré par les communistes de Klement Gottwald soutenus par l'Union soviétique de Staline.