Billet (avec enveloppe) adressé par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, 94 av. Victor-Hugo à Paris, en 1892 (?)
Billet (avec enveloppe) adressé par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, 94 av. Victor-Hugo à Paris, en 1892 (?)
Billet (avec enveloppe) adressé par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, 94 av. Victor-Hugo à Paris, en 1892 (?)
Billet (avec enveloppe) adressé par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, 94 av. Victor-Hugo à Paris, en 1892 (?)
Billet (avec enveloppe) adressé par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, 94 av. Victor-Hugo à Paris, en 1892 (?)
Billet (avec enveloppe) adressé par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, 94 av. Victor-Hugo à Paris, en 1892 (?)
Billet (avec enveloppe) adressé par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, 94 av. Victor-Hugo à Paris, en 1892 (?)
Billet (avec enveloppe) adressé par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, 94 av. Victor-Hugo à Paris, en 1892 (?)
Billet (avec enveloppe) adressé par la princesse Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan, à Paderewski, 94 av. Victor-Hugo à Paris, en 1892 (?)
N° d'inventaire:
BRANCOVAN-1892
Type:
original
Date:
1892 (?)
Source:
coll. Musée Paderewski, Morges

La datation de ce billet (1892), transmis (sans doute par voie postale depuis son domicile parisien) avec une autre lettre arrivée chez la princesse à destination de Paderewski, n'est motivée que par recoupement avec les autres courriers en notre possession envoyés cette année-là à la même adresse (94 av. Victor-Hugo à Paris).

«Ce samedi matin. Je veux tout d'abord, chéri adoré, te remercier de toutes les bonnes et tendres paroles que tu as eues pour moi, hier. Je ne pourrais jamais assez te dire combien j'ai été touchée du pardon que tu m'as accordé, si grand, si consolant, si complet. Mais c'était toi, chéri bien-aimé, je t'y ai reconnu tout entier, toi qui ne peut ressembler qu'à toi-même, car qui pourrait te ressembler? Non seulement tu donnes le bonheur, mais tu rends meilleur, tu ennoblis tous ceux qui t'approchent.

»Je ne désespère donc pas de devenir celle que tu me souhaiterais être.

»J'espère, chéri, que tu viendras aujourd'hui de bonne heure, ainsi que tu me l'as si affectueusement promis, avant l'arrivée de D. N'oublie pas que ce seront nos derniers moments de bonheur pour longtemps.

»Je t'envoie cette lettre qui vient d'arriver pour toi.

»J'espère de tout cœur que tu sois tout à fait bien ce matin.

»Je t'embrasse, comme je t'adore de toutes les forces de mon amour.»

Suite à ses débuts le 3 mars 1888 salle Erard, Paris s'arrache Paderewski comme Chopin un demi-siècle plus tôt. Chez Rachel Bibesco Bassaraba, princesse de Brancovan (1847-1923), dont les racines serpentent jusqu'aux portes de l'Orient, son entrée en scène fait sensation. «Perruqué de lumière, les yeux accordés avec les étoiles, un mage nous était présenté et nous l'aimâmes», écrit sa fille Anna de Noailles, alors âgée de douze ans. Née à Constantinople sous le nom de Raluca Moussouros (ou Rachel Musurus), cette grande aristocrate d'origine crétoise, fille de l'ambassadeur de la Sublime Porte à Londres Musurus Pacha (dont l'ancêtre humaniste Marc Musurus a été l'ami d'Erasme), a épousé le prince Grégoire Bibesco Bassaraba de Brancovan, lui-même fils du prince valaque Georges Bibesco et de la princesse Zoé Bassaraba de Brancovan. Exilée à Paris (en raison de l'accession au pouvoir en Roumanie d'un parti opposé à la famille Bibesco), cette passionnée de musique étudie le piano auprès de Camille Dubois, la dernière élève de Chopin, avec manifestement beaucoup de talent. Généreuse et raffinée, elle sera des muses de Paderewski peut-être la plus fidèle, et celui-ci le lui rendra bien en lui dédiant plusieurs de ses compositions (dont le fameux Nocturne op. 16 n° 4 et la Fantaisie polonaise op. 19). Elle l'invite régulièrement à Amphion, près d'Evian, où elle possède une somptueuse propriété (la villa «Bassaraba»). Elle le mettra plus tard sur la piste de Riond-Bosson, à quelques encablures de là…