Lettre adressée (en polonais) par Paderewski à Hélène Paderewska, à Riond-Bosson, de Paris le 1er juillet 1899
- N° d'inventaire:
- PADEREWSKA-1899-07-01
- Type:
- original
- Date:
- 1er juillet 1899
- Source:
- coll. Musée Paderewski, Morges
Extrait: «Mon Hélène bien-aimée, puissent ces premiers mots que je t'écris depuis notre mariage [célébré le 31 mai 1899 en l'église du Saint-Esprit de Varsovie] te faire plaisir. Qu'ils te disent combien mon âme se sent bien dans le bonheur que j'éprouve et que pour cela, je ressens une gratitude inexprimable envers toi.
»J'ai déjà donné deux récitals. Maintenant je prépare le troisième qui aura lieu jeudi. Oh, quelle affreuse peur m'obsède et il n'existe aucun remède contre cela. Imagine-toi la joie que j'aurai quand je partirai vendredi, ce qui veut dire que dimanche, après avoir fait quelques emplettes à Paris, je serai à nouveau avec toi!
»Ils m'ont demandé de rester pour un concert supplémentaire le 17 juillet, dans une maison américaine, et ils m'offrent un cachet incroyable de 20'000 francs. C'est une grande tentation, je l'admets, mais je ne sais pas encore si je succomberai, puisque je suis tellement pressé de rentrer vers mon pauvre opéra [Manru] et ici, depuis maintenant et jusqu'au 15, je ne pourrai pas faire grand-chose.
»Comment est ta santé, Helusienka? Dis-le moi. […] Ton Ignacy. Je suis impatient de revoir ton doux visage, j'embrasse tes chères mains, avec une révérence d'admiration. […]»
Elle a été le témoin de l'éphémère premier mariage d'Ignace Paderewski, puis une mère de substitution pour son fils malade, avant de devenir sa femme en 1899 – malgré la vieille amitié qui lie le musicien à son premier époux, le violoniste Ladislas Gorski. Hélène Paderewska (1856-1934), née baronne de Rosen, sera l'épouse fidèle et omniprésente jusqu'à sa mort en 1934, l'accompagnatrice infatigable de tous ses voyages – jusqu'à la Galerie des Glaces du Château de Versailles, où elle est l'une des rares dames à assister à la signature du Traité de 1919 –, sans oublier la maîtresse énergique et généreuse de Riond-Bosson. On sent dans les lignes que lui envoie Paderewski non seulement le profond attachement qu'il lui voue, mais également une forme de dépendance affective.