Photographie de Paderewski avec Alfred Pochon le jour de l'enregistrement, le 21 septembre 1940 à Riond-Bosson, de son discours d'adieu à la Suisse, diffusé le 29 septembre 1940 sur les ondes de Radio-Lausanne, avant d'embarquer pour les Etats-Unis
Photographie de Paderewski avec Alfred Pochon le jour de l'enregistrement, le 21 septembre 1940 à Riond-Bosson, de son discours d'adieu à la Suisse, diffusé le 29 septembre 1940 sur les ondes de Radio-Lausanne, avant d'embarquer pour les Etats-Unis
Photographie de Paderewski avec Alfred Pochon le jour de l'enregistrement, le 21 septembre 1940 à Riond-Bosson, de son discours d'adieu à la Suisse, diffusé le 29 septembre 1940 sur les ondes de Radio-Lausanne, avant d'embarquer pour les Etats-Unis
N° d'inventaire:
CH-RIOND-PAD-1940-09-21-POCHON-ENREGISTREMENT-DISCOURS-RADIO-LAUSANNE
Type:
reproduction (tirage photo)
Auteur:
© Presse Diffusion
Date:
21 septembre 1940
Source:
coll. Musée Paderewski, Morges

C'est l'un des discours «mythiques» de Radio-Lausanne, un moment d'histoire gravé dans la mémoire des ondes et de l'oreille de toutes celles et tous ceux qui étaient devant leur poste en ce 29 septembre 1940, jour des adieux «officiels» d'Ignace Paderewski à cette Suisse devenue sa seconde patrie. Des mots vibrants, presque une déclaration d'amour avant de s'embarquer pour les Etats-Unis dans le fracas de la guerre, ignorant encore qu'il n'y aurait point de voyage de retour…

«Mes chers auditeurs, c'est avec une émotion profonde que je pense au moment où ces quelques paroles vous parviendront. Je voudrais que mon allocution ne contienne que l'expression de mon attachement fidèle à votre beau et noble pays, que ma gratitude pour l'hospitalité généreuse dont je fus l'objet pendant de longues années. Que Dieu veuille bien vous protéger, mes chers amis. Qu'Il permette à votre pays de vivre en paix et en sécurité. J'ai la ferme conviction que votre amour profond pour vos belles et nobles traditions séculaires pour la patrie, qui chez vous se confondent avec la liberté et le respect de l'être humain, vous indiqueront toujours le chemin à suivre.»

Né à Yverdon, Alfred Pochon (1878-1959) est l'un des violonistes les plus distingués de son temps. Formé à Liège par César Thompson, un disciple de Henri Vieuxtemps et Henryk Wieniawski, il acquiert une renommée planétaire avec le Quatuor du Flonzaley qu'il fonde en 1905. Celui-ci est financé par le banquier Edouard de Coppet, fils du président fondateur de l'Institut de musique de Lausanne (ancêtre du Conservatoire), qui a été séduit par l'idée de constituer un ensemble d'élite formé d'instrumentistes issus comme Pochon de la grande école belge: il prend le nom de sa propriété dominant le vignoble de Lavaux, où le mécène partage son temps avec New York. Le Quatuor débute son activité dans le cadre prestigieux du Carnegie Hall, à New York, le 5 décembre 1905. Il peut être considéré comme l’un des premiers de son époque. Jusqu’à son ultime apparition le 14 avril 1928, il donnera plus de 500 concerts en Europe et plus de 2500 en Amérique, au cours desquels il connaîtra les débuts de l’enregistrement et de la radiodiffusion, et croisera la route d'innombrables artistes, parmi lesquels Paderewski, qui devient très vite un partenaire de quintette privilégié, et un ami cher que l'on se plaît à retrouver dans des cercles volontiers mondains. Il s'engagera aussi en faveur de la musique suisse et de la création contemporaine, avec notamment des premières auditions d’Ernest Bloch, de Schönberg et de Stravinski. À la disparition du Quatuor du Flonzaley, Alfred Pochon fonde, en 1929, avec l’aide d'un autre banquier, Felix Warburg, le Quatuor Stradivarius, ainsi nommé parce que chacun des musiciens dispose d’un instrument du luthier de Crémone. De très haut niveau, le Quatuor – composé du violoniste Wolfe Wolfinsohn, de l'altiste Marcel Dick et du violoncelliste Iwan d'Archambeau – débute en 1930 par une tournée triomphale de 78 concerts. Mais le conflit de 1939 met fin prématurément à l’entreprise: Pochon est «bloqué» dans sa propriété de Lutry, baptisée «Holly», où il s’est installé en 1922 avec son épouse Susan Millar-Rudthardt, riche veuve de Virginie dont la célèbre indienne Pocahontas serait l’ancêtre… Une nouvelle vie commence pour lui en 1941 comme directeur du Conservatoire de Lausanne, fonction qu'il assumera jusqu'en 1957.

Ignace Paderewski est reçu partout mais sait aussi recevoir: à Riond-Bosson près de Morges, sur la commune de Tolochenaz, il possède dès la fin du 19e siècle le plus étrange des palais, autrefois demeure de la duchesse d'Otrante, veuve de Joseph Fouché, où il reprend son souffle entre les tournées de concerts et sur lequel règne la plus exquise et entreprenante des maîtresses de maison, Hélène Paderewska, mi-princesse mi-paysanne. Cette propriété entre chalet et palais vénitien a aujourd'hui disparu – son dynamitage par l'armée en 1965 achevant de forger sa légende. Dotée d'un vaste domaine où l'on exploite tant la flore que la faune, elle est indissociable du «mythe» Paderewski, où faste et rusticité voisinent avec le plus grand naturel.