Photographie (de gauche à droite) d'Henryk Opienski, le sculpteur François Black, Antonina Wilkonska, un homme non identifié et les frères Jean et René Morax, sur la terrasse de Riond-Bosson, lors de la fête de la Saint-Ignace le 31 juillet 1931
Photographie (de gauche à droite) d'Henryk Opienski, le sculpteur François Black, Antonina Wilkonska, un homme non identifié et les frères Jean et René Morax, sur la terrasse de Riond-Bosson, lors de la fête de la Saint-Ignace le 31 juillet 1931
Photographie (de gauche à droite) d'Henryk Opienski, le sculpteur François Black, Antonina Wilkonska, un homme non identifié et les frères Jean et René Morax, sur la terrasse de Riond-Bosson, lors de la fête de la Saint-Ignace le 31 juillet 1931
N° d'inventaire:
CH-RIOND-MORAX-RENE-1931-07-31-JEAN-BLACK-OPIENSKI-WILKONSKA-TERRASSE
Type:
tirage original
Auteur:
droits réservés
Date:
31 juillet 1931
Source:
coll. Musée Paderewski, Morges

Exilé polonais, Henryk Opienski (1870-1942) partage avec Paderewski son attachement pour Morges et sa région – qui le lui rendra bien puisqu'une rue porte aujourd'hui son nom à l'instar du pianiste. Il s'y établit une première fois durant la Première Guerre mondiale, puis définitivement en 1926 au moment de son mariage avec la cantatrice Lydia Barblan, sa seconde épouse, après avoir dirigé pendant six ans le nouveau Conservatoire de Poznan. Natif de Cracovie, il a étudié à travers toute l'Europe: le violon à Prague avec Ferdinand Lachner puis à Paris avec Ladislas Gorski, la composition avec Vincent d'Indy à la Schola Cantorum de Paris, la direction avec Arthur Nikisch à Leipzig… Considéré comme l'un des meilleurs spécialistes de son temps de la musique de Chopin (dont il éditera une partie de la correspondance), il se distingue notamment en remettant au goût du jour les polyphonies françaises et italiennes des 15e et 16e siècles, qu'il donne en concert dans toute l'Europe à la tête de l'ensemble «Motet et Madrigal» qu'il a fondé à Lausanne en 1917. Très proche de Paderewski, il est l'un des premiers à s'intéresser à sa «légende» et signe en 1928 aux Editions Spes à Lausanne une biographie qui fait toujours figure de référence.

Né en Pologne en 1881, d'un père écossais et d'une mère polonaise, François Black quitte son pays à dix-huit ans pour la Grande-Bretagne puis la France, où il s'installe en 1903. Formé à l'Ecole nationale des beaux-arts, il bénéficie en début de carrière du soutien de Paderewski, qui l'accueille à Riond-Bosson de 1911 à 1918 et l'aide à monter sa première exposition à Lausanne en 1917. C'est probablement à cette époque qu'il réalise le buste du musicien. Il décède en 1959.

Ami de Paderewski, élève d'Edouard Castres à Genève et influencé par le mouvement «Nabi», Jean Morax (1869-1939) est un peintre, décorateur de théâtre et dessinateur morgien, fondateur avec son frère René, dramaturge, du Théâtre du Jorat à Mézières en 1908.

Ami de Paderewski, né et mort à Morges, René Morax (1873-1963) est un écrivain et dramaturge vaudois parmi les plus féconds de sa génération. Après des études de lettres à Lausanne, Paris et Berlin, il devient en 1901, avec La Nuit des quatre-temps créée au Casino de Morges, l'un des pionniers du théâtre populaire suisse. Un engagement qui se poursuit deux ans plus tard avec La Dîme, ouvrage donné dans un ancien dépôt de trams à Mézières, appelé à devenir dès 1908 le Théâtre du Jorat, construit avec son frère Jean et rapidement surnommé la «Grange sublime». Il y créera de nombreux spectacles à succès, parmi lesquels Aliénor en 1910 et La Servante d'Evolène en 1937 (sur des musiques de Gustave Doret), et Le Roi David en 1921, mis en notes par un jeune compositeur encore presque inconnu, Arthur Honegger.

Ignace Paderewski est reçu partout mais sait aussi recevoir: à Riond-Bosson près de Morges, sur la commune de Tolochenaz, il possède dès la fin du 19e siècle le plus étrange des palais, autrefois demeure de la duchesse d'Otrante, veuve de Joseph Fouché, où il reprend son souffle entre les tournées de concerts et sur lequel règne la plus exquise et entreprenante des maîtresses de maison, Hélène Paderewska, mi-princesse mi-paysanne. Cette propriété entre chalet et palais vénitien a aujourd'hui disparu – son dynamitage par l'armée en 1965 achevant de forger sa légende. Dotée d'un vaste domaine où l'on exploite tant la flore que la faune, elle est indissociable du «mythe» Paderewski, où faste et rusticité voisinent avec le plus grand naturel.