Photographie de Paderewski avec (de gauche à droite) Henryk Opienski et Gustave Doret sur la terrasse de Riond-Bosson
Photographie de Paderewski avec (de gauche à droite) Henryk Opienski et Gustave Doret sur la terrasse de Riond-Bosson
Photographie de Paderewski avec (de gauche à droite) Henryk Opienski et Gustave Doret sur la terrasse de Riond-Bosson
N° d'inventaire:
CH-RIOND-PAD-OPIENSKI-DORET-TERRASSE
Type:
reproduction (tirage photo)
Auteur:
droits réservés
Source:
coll. Musée Paderewski, Morges

Exilé polonais, Henryk Opienski (1870-1942) partage avec Paderewski son attachement pour Morges et sa région – qui le lui rendra bien puisqu'une rue porte aujourd'hui son nom à l'instar du pianiste. Il s'y établit une première fois durant la Première Guerre mondiale, puis définitivement en 1926 au moment de son mariage avec la cantatrice Lydia Barblan, sa seconde épouse, après avoir dirigé pendant six ans le nouveau Conservatoire de Poznan. Natif de Cracovie, il a étudié à travers toute l'Europe: le violon à Prague avec Ferdinand Lachner puis à Paris avec Ladislas Gorski, la composition avec Vincent d'Indy à la Schola Cantorum de Paris, la direction avec Arthur Nikisch à Leipzig… Considéré comme l'un des meilleurs spécialistes de son temps de la musique de Chopin (dont il éditera une partie de la correspondance), il se distingue notamment en remettant au goût du jour les polyphonies françaises et italiennes des 15e et 16e siècles, qu'il donne en concert dans toute l'Europe à la tête de l'ensemble «Motet et Madrigal» qu'il a fondé à Lausanne en 1917. Très proche de Paderewski, il est l'un des premiers à s'intéresser à sa «légende» et signe en 1928 aux Editions Spes à Lausanne une biographie qui fait toujours figure de référence.

Figure de proue de la musique suisse au tournant du siècle, créateur de la musique des Fêtes des Vignerons de 1905 et 1927 et de nombreux Festspiele (notamment pour le Théâtre du Jorat des frères Morax), pédagogue émérite (réformateur de l'enseignement de la musique dans les écoles vaudoises), chroniqueur à la plume vive et chef d'orchestre respecté sur la scène parisienne (créateur du Prélude à l'après-midi d'un faune de Debussy et directeur artistique de l'Opéra-Comique), Gustave Doret (1866-1943) fréquente Paderewski à Riond-Bosson et sans doute aussi à Paris (où il vit, en alternance avec la Suisse, depuis l'époque de ses études). Il est l'initiateur à ses côtés et ceux de son ami Eugène Couvreu, syndic de Vevey, des Fêtes musicales en l'honneur de Camille Saint-Saëns qui se tiennent au Casino du Rivage du 18 au 21 mai 1913 – l'un des événements mythiques de l'histoire musicale veveysanne! S'il reste célèbre avant tout pour sa musique de scène, ce disciple de Théodore Dubois et Jules Massenet au Conservatoire de Paris lègue également à la postérité quelques pages de musique instrumentale, dont un Quintette avec piano, composé à Paris entre 1924 et 1925, créé en septembre 1928 lors d'une séance privée à Riond-Bosson par Paderewski et le Quatuor du Flonzaley (emmené par le violoniste vaudois de réputation internationale Alfred Pochon), édité chez Henn à Genève en 1928 et dédié à Paderewski. L'essentiel des archives Gustave Doret est déposé à la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne.

Ignace Paderewski est reçu partout mais sait aussi recevoir: à Riond-Bosson près de Morges, sur la commune de Tolochenaz, il possède dès la fin du 19e siècle le plus étrange des palais, autrefois demeure de la duchesse d'Otrante, veuve de Joseph Fouché, où il reprend son souffle entre les tournées de concerts et sur lequel règne la plus exquise et entreprenante des maîtresses de maison, Hélène Paderewska, mi-princesse mi-paysanne. Cette propriété entre chalet et palais vénitien a aujourd'hui disparu – son dynamitage par l'armée en 1965 achevant de forger sa légende. Dotée d'un vaste domaine où l'on exploite tant la flore que la faune, elle est indissociable du «mythe» Paderewski, où faste et rusticité voisinent avec le plus grand naturel.