Carte postale de Paderewski avec son complet blanc porté traditionnellement le 31 août, jour de la Saint-Ignace, lors d'une fête organisée ce jour-là à Riond-Bosson
- N° d'inventaire:
- CH-RIOND-PAD-CARTE-COMPLET-BLANC-SAINT-IGNACE
- Type:
- tirage original
- Auteur:
- droits réservés
- Source:
- coll. Musée Paderewski, Morges
Ignace Paderewski est reçu partout mais sait aussi recevoir: à Riond-Bosson près de Morges, sur la commune de Tolochenaz, il possède dès la fin du 19e siècle le plus étrange des palais, autrefois demeure de la duchesse d'Otrante, veuve de Joseph Fouché, où il reprend son souffle entre les tournées de concerts et sur lequel règne la plus exquise et entreprenante des maîtresses de maison, Hélène Paderewska, mi-princesse mi-paysanne. Cette propriété entre chalet et palais vénitien a aujourd'hui disparu – son dynamitage par l'armée en 1965 achevant de forger sa légende. Dotée d'un vaste domaine où l'on exploite tant la flore que la faune, elle est indissociable du «mythe» Paderewski, où faste et rusticité voisinent avec le plus grand naturel.
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Le 2 novembre 1960, à l'occasion des célébrations du centenaire de la naissance de Paderewski, Lydia Opienski-Barblan fait paraître un article-souvenir très vivant dans le magazine de la Feuille d'avis de Lausanne, livrant un témoignage de première main du Riond-Bosson des grandes années, transformé en «petite Pologne» à l'époque des fêtes religieuses et de l'incontournable Saint-Ignace.
«En 1924 je fus présentée à Paderewski, j'allais devenir la femme d'Henryk Opienski, qui, depuis 1897, était un fidèle ami du maître. L'accueil fut chaleureux. Dès lors je pus apprendre à connaître cet homme prestigieux que fut Paderewski, vivre des heures inoubliables dans l'intimité de cette maison si chère au cœur des Polonais. Tant de souvenirs m'assaillent: ces veilles de Noël si émouvantes, fêtées saintement, à la polonaise, gerbe d'épis dorés dans l'angle de la chambre, foin sous la nappe en souvenir du foin de l'étable divine, l'hostie bénite partagée, les baisers fraternels échangés dans une atmosphère de ferveur religieuse, puis le repas maigre: potage aux betteraves (bartch), poissons divers, dessert à la graine de pavot. Repas familial inoubliable. Il y avait les fêtes de la Saint-Ignace dont beaucoup de personnes gardent le souvenir et tant d'autres réceptions au cours de l'année. Que de choses je pourrais raconter encore!…»