Lettre adressée par Paderewski à Henryk Opienski, de Riond-Bosson le 9 septembre 1907
Lettre adressée par Paderewski à Henryk Opienski, de Riond-Bosson le 9 septembre 1907
Lettre adressée par Paderewski à Henryk Opienski, de Riond-Bosson le 9 septembre 1907
Lettre adressée par Paderewski à Henryk Opienski, de Riond-Bosson le 9 septembre 1907
Lettre adressée par Paderewski à Henryk Opienski, de Riond-Bosson le 9 septembre 1907
N° d'inventaire:
OPIENSKI-1907-09-09
Type:
original
Date:
9 septembre 1907
Source:
coll. Musée Paderewski, Morges

«Cher Monsieur, je regrette énormément que le manque de temps m'empêche de m'exprimer plus amplement. J'aurais pourtant beaucoup à dire sur le sujet. Je vous déconseille d'écrire un traité sur une polonaise réécrite en 2/4. En se basant sur le témoignage d'un Allemand naïf, il n'est pas honorable de se faire une opinion sur un compatriote… Tirer des conclusions générales d'un incident particulier est une maladie allemande qui a poussé plus d'un Germain à l'absurdité. Une transformation assez ingénieuse de la Polonaise en la majeur [Polonaise op. 40 n° 1 dite «Militaire» de Chopin?] ne signifie au fond pas grand-chose. Qu'est-ce qui s'est passé avec le rythme? À peu près la même chose que si moi, suivant votre exemple, je transcrivais ainsi la plus belle valse du monde: [exemple musical]. Vraiment, c'est dommage de perdre son temps à s'amuser avec de pareils casse-tête.

»Par contre, si vous, cher Monsieur, vouliez écrire une chose sérieuse sur nos grands musiciens – sur Gomotka, Szamotulski, Gorczychi, etc. –, non seulement j'approuverais, mais je contribuerais à la publication. Réfléchissez à cette idée. Donnez-moi de vos nouvelles. Salutations cordiales.»

Exilé polonais, Henryk Opienski (1870-1942) partage avec Paderewski son attachement pour Morges et sa région – qui le lui rendra bien puisqu'une rue porte aujourd'hui son nom à l'instar du pianiste. Il s'y établit une première fois durant la Première Guerre mondiale, puis définitivement en 1926 au moment de son mariage avec la cantatrice Lydia Barblan, sa seconde épouse, après avoir dirigé pendant six ans le nouveau Conservatoire de Poznan. Natif de Cracovie, il a étudié à travers toute l'Europe: le violon à Prague avec Ferdinand Lachner puis à Paris avec Ladislas Gorski, la composition avec Vincent d'Indy à la Schola Cantorum de Paris, la direction avec Arthur Nikisch à Leipzig… Considéré comme l'un des meilleurs spécialistes de son temps de la musique de Chopin (dont il éditera une partie de la correspondance), il se distingue notamment en remettant au goût du jour les polyphonies françaises et italiennes des 15e et 16e siècles, qu'il donne en concert dans toute l'Europe à la tête de l'ensemble «Motet et Madrigal» qu'il a fondé à Lausanne en 1917. Très proche de Paderewski, il est l'un des premiers à s'intéresser à sa «légende» et signe en 1928 aux Editions Spes à Lausanne une biographie qui fait toujours figure de référence.