Télégramme non daté adressé par Paderewski au Prince [Charles-Louis] de Beauvau-Craon, vice-président du Cercle de l'Union interalliée à Paris, du S. S. Ile-de-France
- N° d'inventaire:
- CERCLE-INTERALLIE-1
- Type:
- original
- Source:
- coll. Musée Paderewski, Morges
Extrait: «Suis on ne peut plus sensible au gracieux télégramme dont il vous a plu de m'honorer et vous en remercie chaleureusement stop. Serais tout heureux accepter la généreuse hospitalité du Cercle interallié si la date du déjeuner pouvait être changée stop. Le dix-neuf mai et n'importe quel jour après me conviendrait stop.»
Fondé en 1917, le Cercle de l'Union interalliée a pour but à l'origine «d'accueillir et d'offrir les ressources morales et matérielles aux officiers et personnalités des nations de la Triple-Entente» (Wikipédia). Il s'installe au 33 de la rue du Faubourg-Saint-Honoré dans l'hôtel particulier d'Henri de Rothschild, construit en 1714, qu'il acquiert en 1920. Le même site nous apprend que le magnifique bâtiment «comprend notamment une cour d'honneur, des salons de réception, des salles à manger donnant sur un jardin, des salles de lecture et de jeux, une bibliothèque, une salle de billard, des salons et des sous-sols, dans lesquels seront aménagés une piscine, un hammam et une salle pour le sport». Ses membres sont «dirigeants de grandes entreprises, personnalités politiques, diplomates, officiers supérieurs, représentants de la noblesse française et étrangère, des magistrats et des avocats». Le prince Charles-Louis de Beauvau-Craon (1878-1942) préside le Cercle de 1938 à 1942, succédant (dans l'ordre) au vice-amiral Fournier, au maréchal Foch, au diplomate Jules Cambon et au président de la République Gaston Doumergue. Issu d'une très ancienne famille d'aristocrates français (les Beauvau d'Anjou font remonter leurs preuves de noblesse jusqu'en 1265), le Prince est notamment connu pour être tombé éperdument amoureux, lors d'un bal organisé en 1909 par la princesse Eugène Murat, de la princesse (et femme de lettres) Marthe Bibesco, femme mariée (à qui sa religion orthodoxe n'interdisait pas le divorce), mais toutefois trop attaché aux usages en cours au Faubourg Saint-Germain pour oser aller au bout de son inclination…
Le télégramme qui nous intéresse ici doit sans doute dater des années 1935-1937, époque de la présidence de Gaston Doumergue (et donc de la vice-présidence de Charles-Louis de Beauvau-Craon). Il est probable que ce soit davantage le statut politique que l'envergure artistique de Paderewski qui ait incité ce prestigieux cénacle à le convier à déjeuner.