Photographie de Paderewski recevant – tout sourire! – en mars 1941 à Palm Springs, en Floride, où il est l'hôte de Mrs Sophie Stotesbury, la soprano-vedette Lily Pons, fraîchement naturalisée américaine
Photographie de Paderewski recevant – tout sourire! – en mars 1941 à Palm Springs, en Floride, où il est l'hôte de Mrs Sophie Stotesbury, la soprano-vedette Lily Pons, fraîchement naturalisée américaine
Photographie de Paderewski recevant – tout sourire! – en mars 1941 à Palm Springs, en Floride, où il est l'hôte de Mrs Sophie Stotesbury, la soprano-vedette Lily Pons, fraîchement naturalisée américaine
N° d'inventaire:
AM-1941-03-PALM-BEACH-PAD-LILY-PONS
Type:
reproduction (tirage photo cartonné)
Auteur:
droits réservés
Date:
mars 1941
Source:
coll. Musée Paderewski, Morges

Lily Pons (1898-1976) est l'une des plus grandes vedettes de son temps. Née à Draguignan, formée au Conservatoire de Paris, elle «explose» en campant le rôle-titre de Lakmé de Léo Delibes à Mulhouse en 1928: son timbre unique de colorature va conquérir la planète. S'étant mariée le 15 octobre 1930 avec l'éditeur August Mesritz, nous apprend sa page Wikipédia, Lily Pons fait des débuts fracassants devant le public américain le 4 janvier 1931 dans Lucia di Lammermoor, aux côtés de Beniamino Gigli et Ezio Pinza. Le 7 août 1936, 26'410 spectateurs viennent l'écouter chanter des airs d'opéra au Hollywood Bowl (ce qui constitue encore à ce jour le record d'audience). Elle est accompagnée par l'Orchestre philharmonique de Los Angeles sous la direction d'André Kostelanetz, qu'elle épouse en 1938 (elle a divorcé de son premier mari peu de temps après son arrivée aux Etats-Unis) et avec qui elle organise des tournées de concert populaire. Ayant obtenu la nationalité américaine en 1941, elle chante durant la Seconde Guerre mondiale aux Indes, en Chine et en Birmanie pour les soldats alliés. Dans ses Entretiens avec André Parinaud en juin 1963, Marlene Dietrich affirme que Lily Pons était la seule artiste avec elle au front pour soutenir les troupes américaines en France pendant l’hiver 1944. Lors d'une émission radio avec John Ardoin (The Collector's Corner), Lily Pons confia avoir parcouru 100'000 miles (env. 160'000 km) à cette époque. C'est dans ce contexte qu'elle célébra aux Etats-Unis l'annonce de la libération de Paris: En août 1944, on apprit à New York la libération de Paris. Ce fut un jour de prodigieux bonheur […]. Toute la Cinquième avenue fut pavoisée de drapeaux bleu, blanc, rouge. Une cérémonie fut improvisée sur la Plaza du Rockefeller Center. Lily Pons chanta La Marseillaise. Choisie comme marraine par la 2e DB, c'est également à Lily Pons – qui se trouve à Paris pour interpréter Lakmé à l'Opéra-Comique le 10 avril 1945 – que le gouvernement français demande de chanter La Marseillaise au palais Garnier le 8 mai 1945 en présence, entre autres, du maréchal Juin; le concert étant retransmis au-dehors, l'enthousiasme des Parisiens fut tel qu'il fallut sortir un piano sur le balcon de l'Opéra de Paris, et c'est ainsi que Lily Pons rechanta l'hymne français, mais cette fois pour 250'000 personnes. Le Metropolitan Opera organise pour elle un grand concert le 3 mars 1956, le Lily Pons Gala, à l'occasion du 25e anniversaire de sa présence dans la maison. À nouveau divorcée, Lily Pons se produit pour la dernière fois au Met en 1958 avant de mettre un terme définitif à sa carrière en 1962 à Fort Worth, dans le rôle de Lucia, aux côtés du jeune Plácido Domingo. Elle n'apparaîtra plus sur scène que lors de deux ultimes concerts en 1972 puis en 1974 (elle a alors 76 ans). Elle se retire à Dallas où elle meurt d’un cancer du pancréas deux ans plus tard, mais est enterrée au cimetière du Grand Jas à Cannes, selon sa volonté. Lily Pons n'a pas eu d'enfants. Elle a reçu une étoile sur le Walk of Fame d'Hollywood. Une ville du Mariland porte le nom de Lillypons en son honneur.»

*****

Juin 1940: ultime péripétie d'une vie hors du commun. Alors que la France vient de capituler, Paderewski décide de rejoindre les Etats-Unis pour poursuivre le combat. Le voyage est périlleux, mais ce n'est pas là que le destin a décidé de le reprendre. Accueilli comme la vedette qu'il était jadis par le piano, il a droit à une double-page avec photos dans le New York Times et aux vœux du président Roosevelt en personne à l'occasion des célébrations du 50e anniversaire de son premier concert américain. «En 1891, vous avez, par votre art, conquis le cœur de tous les Américains. Vous avez pleinement mérité qu'en reconnaissance des grandes émotions que votre talent et vos dons ont fait naître dans l'âme américaine, on vous appelât chez nous l' immortel contemporain. Durant tout un demi-siècle vous avez été pour nous un exemple vivant de vigueur spirituelle. Vous avez gagné notre estime. L'hommage et l'amour qui vous entourent partout ne sont qu'une partie de la gloire qui vous est due. J'adresse mes vœux émus et les plus cordiaux à l'artiste, au patriote et à l'ardent défenseur de la liberté pour laquelle vous avez toujours lutté avec force, grandeur et noblesse.»

«L'accueil triomphal réservé à Paderewski à son arrivée à New York par ses amis américains et polonais, ainsi que les attentions des autorités ont été pour lui d'un grand réconfort», écrit le diplomate Werner Fuchss dans sa biographie de Paderewski (Editions Cabédita, Yens-sur-Morges, 1999). «Mais l'artiste qui revenait une dernière fois aux Etats-Unis était un vieillard de santé fragile. Débarquant au début de l'hiver, il a dû se limiter à reprendre les contacts indispensables, ralentir son rythme pour ne pas outrepasser ses forces. Les médecins lui ayant conseillé un séjour en Floride, il y trouva du soleil et un climat plus clément.» Il y bénéficie de l'hospitalité de Mrs Sophie Stotesbury à Palm Springs, où il recevra notamment la visite, le 16 avril 1941, de deux figures de proue du Gouvernement polonais en exil, Wladyslaw Sikorski (premier ministre) et Stanislaw Mikolajczyk (ministre de l'Intérieur).